Peut-on survivre à une attaque nucléaire ?

Peut-on survivre à une attaque nucléaire ?

Peut-on survivre à une attaque nucléaire ? 1186 710 Bunker France

Si vous êtes amateur de films post-apocalyptiques sur fond de guerre thermonucléaire globale, vous visualisez assez facilement le monde laissé après l’explosion d’une bombe nucléaire : des bâtiments entiers en ruines nappés d’un brouillard de suies, des arbres dont il ne reste que les troncs comme derniers étendards incandescents au milieu d’un sol jonché de débris et de squelettes carbonisés.

Photo ville de Hiroshima et Nagazaki après leur bombardement

Photo ville de Hiroshima et Nagasaki après leur bombardement

Les images d’Hiroshima et de Nagasaki prises après leur bombardement témoignent parfaitement du pouvoir de dévastation d’une bombe atomique et il est assez naturel que beaucoup de gens soient résignés à l’idée de ne pas survivre à guerre nucléaire.

Si les dégâts infligés par l’explosion d’une bombe nucléaire sont si dévastateurs, à quoi bon se réfugier dans un bunker pour y gagner quelques jours de sursis ? Ne vaut-il pas mieux en finir rapidement ? Si vous pensez qu’il est totalement inutile d’investir dans un abri antinucléaire pour retrouver un monde dévasté et stérile, cet article est pour vous.

L’explosion d’une arme nucléaire libère une quantité d’énergie colossale, mais elle n’échappe pas aux lois de la physique. À mesure que l’on s’éloigne de son épicentre (appelé aussi “ground zero »), l’intensité de l’explosion décroit rapidement selon le carré inverse.

Pour prendre un exemple concret, si vous doublez votre éloignement par rapport au point d’impact, les effets seront diminués d’un facteur 4, mais seront diminués d’un facteur 9 si vous triplez cette distance. Ces données sont approximatives car divers facteurs peuvent l’influencer (type d’arme de destruction massive, hauteur de l’explosion, topographie, météo…) mais elles constituent une assez bonne règle et elles sont faciles à mémoriser.

Même avec une bombe puissante, il y aura toujours une zone dont l’éloignement sera suffisant pour rendre la survie possible. Il est donc d’autant plus utile de disposer d’un abri NRBC que vous vivez loin d’une cible stratégique (capitale, grande ville, base militaire, dépôt de munition, aéroport…) pour vous donner les meilleures chances de survie.

Si vous vous préparez à une attaque nucléaire, vous devez connaître la chronologie et les effets de l’explosion d’une bombe nucléaire. 5 étapes sont susceptibles de vous tuer :

  1. Impulsion thermique reconnaissable à son flash très intense de chaleur et de lumière
  2. Blast ou souffle ou onde surpression atmosphérique générant des vents violents
  3. Rayonnement à haute vélocité de rayons X et de particules gamma
  4. Rayonnement résiduel alpha et bêta émis par le sol autour du point d’impact
  5. Fallout, ou retombées de particules radioactives dispersées par l’explosion

Le rayonnement rapide est une impulsion brève, d’une durée de quelques secondes dont l’intensité diminue selon la loi du carré inverse. Les rayons gamma émis lors de la désexcitation des noyaux atomiques résultant de leur désintégration forment un rayonnement électromagnétique à haute fréquence. Les photons émis caractérisés par des énergies élevées (quelques keV à plusieurs centaines de GeV) sont hautement pénétrants et ionisants, mais leur durée de vie est extrêmement brève.

D’importante quantité de matériaux denses sont nécessaires pour atténuer ce rayonnement. On ne pourra toutefois totalement le supprimer, car une partie du rayonnement n’interagit pas avec la matière. Les spécialistes parlent ainsi d’épaisseur de demi-atténuation pour qualifier le pouvoir filtrant des matériaux. Pour illustrer ce propos, sachez que 6cm de plomb, 30cm de béton ou 54cm de terre seront nécessaires pour réduire de 30% la pénétration d’un rayonnement gamma.

Le rayonnement résiduel composé de rayons alpha et beta est moins problématique car une couche relativement fine de matière suffit à les arrêter.

Les radiations résiduelles peuvent être dangereuses des semaines après l’explosion mais il suffit par bon sens de ne s’approchez de la zone d’impact pour les éviter. Il ne vous viendrait de toute façon pas à l’idée d’aller visiter le cratère si un tel scénario devait arriver.

Il reste donc 3 effets contre lesquels un abri antiatomique NRBC est parfaitement capable de vous protéger :

  1. Le rayonnement thermique
  2. L’effet de souffle et l’onde tellurique
  3. Les retombées radioactives

Le rayonnement thermique

Une arme nucléaire libère une énorme quantité d’énergie dont environ 35% est émis sous forme de rayonnement électromagnétique. Le transfert radiatif de l’énergie dégage une chaleur intense capable de vaporiser tout ce qui se trouve à proximité de l’explosion et — selon les données déclassifiées relatives aux armes de destruction massive connues — provoquer des brûlures au troisième degré à 8 kilomètres et des brûlures au premier degré à 24 kilomètres. “Little Boy”, ainsi baptisée la bombe A qui fut larguée sur Hiroshima au Japon le 6 août 1945 aurait dégagé une température de 300.000° au point d’impact. Si vous vous êtes confiné à temps dans votre bunker en béton, vous serez à l’abri des incendies.

L’effet de souffle et l’onde tellurique

Le souffle – également appelé “blast” – induit par l’explosion comprimera brutalement l’air environnant et provoquera une bulle se déplaçant rapidement et pouvant attendre Mach 3 ou Mach 4 (environ 1400 mètres par secondes) proche de l’épicentre.

Par chance, le corps humain est capable de résister à une surpression d’environ 30 Psi (soit 2.07 bars). Cependant les bâtiments modernes en béton lourds ne sont pas conçus pour résister à des pressions supérieures à 20 Psi (soit 1,38 bars).

À noter que l’onde de surpression agit mécaniquement en deux temps. Dans la phase d’expansion, l’onde de surpression positive fragilise dans le meilleur des cas les infrastructures, puis fait s’effondrer les bâtiments lorsque la lorsque la bulle d’air se rétracte. On parle alors de l’onde de surpression négative. C’est souvent elle la plus meurtrière des deux.

C’est pour cette raison que les bunkers NRBC (également appelés abris de sécurité civile en Suisse) protègent efficacement leurs occupants car le fait d’être enterrés permet au souffle de passer par dessus. De plus, leur structure de béton ferraillée est prévue pour résister à la secousse sismique (ou tremblement de terre) provoqué par l’explosion d’une bombe nucléaire.

Les retombées radioactives contaminantes ou “fallout”

Tout le monde à déjà vu en photo le champignon caractéristique de l’explosion d’une arme nucléaire. Cet effet de champignon est du à l’effet ascensionnel de l’air chaud qui est moins dense que l’air froid. Cet air incandescent s’élève en quelques dixièmes de seconde est crée une forte aspiration qui soulève violemment débris et poussières pour former le pied du champignon. Au fur et à mesure que l’air monte, il perd en température au contact des couches plus fraiches et le courant ascensionnel diminue. Il se forme alors un chapeau et la dissipation horizontale du champignon atomique par mouvements de convection. Cette zone se situe au niveau la troposphère à environ 15 kilomètres d’altitude.

Ce champignon atomique est constitué de tonnes de poussière et de débris pompés qui finiront par retomber en se disséminant au gré des vents dominants. Les particules les plus massives tomberont les premières quelques minutes seulement après l’explosion. Les plus légères emprunteront les courants aériens de la stratosphère pour se disséminer sur des distance de plusieurs centaines de kilomètres.

Cependant, les retombées ne sont pas éternelles. Leur radioactivité décroît selon la règle des 7/10 : chaque fois que vous multipliez par sept le temps depuis l’explosion, les niveaux de rayonnement sont divisés par un facteur 10.

1 heure après l’explosion (et selon le type de bombe uilisée), les retombées exposeront une personne à un niveau létal de 1000 Roentgens par heure (10.000 mSv/heure). À ce niveau d’exposition, c’est la mort cellulaire : le système nerveux central, les cellules de la mœlle épinière et de la paroi digestive sont touchées. 5 minutes suffiront à provoquer migraines, brûlures, vomissements, diarrhées, hémorragies… Une demi-heure d’exposition tuera environ la moitié des personnes exposées et tous ceux qui y seront exposés pendant 1 heure mourront en quelques jours. Mais après 7 heures , le niveau de rayonnement sera tombé à 100 Roentgens/heure. 49 heures plus tard , il ne sera plus que de 10 Roentgens/heure. 15 jours après l’explosion de la bombe, le rayonnement résiduel sera 1 R/h, un niveau acceptable qui permet une d’exposition prolongée de plusieurs heures par jour sans risque sérieux de maladie des rayons. 1 année passée et le niveaux sera proche du niveau naturel de radioactivité (0,30µSv/heure).

Pouvoir de pénétration des différents rayonnements α, β, neutron et γ

Pouvoir de pénétration des différents rayonnements α, β, neutron et γ

La survie après l’explosion d’une bombe nucléaire est-elle possible ?

Il est donc parfaitement possible de survivre à une explosion nucléaire même proche, pour peu que l’on ai regagné à temps une pièce de sécurité adaptée, disposant d’une ventilation/filtration NRBC et des ressources nécessaires pour tenir un confinement de 15 jours à 3 semaines.